Cette érudition est démontrée dans le projet de Victor Hugo : ici, les mots sont plus essentiels que les idées. Le phare y est décrit trois fois, à trois époques différentes : le phare moderne, triomphe de la science, le phare du XVIIe siècle, le phare d'Eddystone, dont l'enchevêtrement baroque a tellement séduit Victor Hugo qu'il en a dessiné une esquisse en lavis[33] et enfin le phare barbare plus en accord avec la fureur des éléments. L’action de ce roman philosophique se déroule en Angleterre entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle, sous le règne de la reine Anne. L'erotique hugolienne dans L'Homme qui rit 21 L'Homme qui rit reste en effet le roman le plus révélateur de l'erotique hugolienne, celui qui en dit le plus long sur un imaginaire généralement bien dissimulé et neutralisé. Tout ce qu'il faut savoir sur L'Homme qui Rit de Victor Hugo ! Son nom de Dea (déesse en latin) lui est donné par Ursus pour rappeler son caractère céleste. L’Homme qui rit suit les destins croisés de plusieurs personnages. Selon Chantal Brière, cet effet de style se retrouve aussi dans le conte et la fable : les attitudes humaines trouvent leurs équivalents dans les comportements animaux qui sont souvent plus lisibles mais ce mélange introduit dans le discours un décalage troublant[50]. Presse. Mais, entre-temps, on a enjoint à ceux-ci de « quitter l’Angleterre avant le lendemain » sous peine d’être emprisonnés et Homo tué, le loup n’étant pas toléré dans la capitale. 15 ans plus tard, sous le règne de la reine Anne, on retrouve Ursus qui a monté une troupe de théâtre avec Gwynplaine et Dea, nom donné au nouveau-né qui est désormais une belle jeune fille de 16 ans. S’étant évanoui sous le choc, Gwynplaine se réveille en tenue de seigneur dans une immense demeure en présence de Barkilphedro qui lui apprend qu’il est désormais Lord et doit siéger à la Chambre des lords le lendemain. Ursus et Homo voyagent à travers l’Angleterre en traînant une cahute, dont Ursus se sert pour haranguer les foules et vendre des potions. La seconde, de Jean-David Morvan et Nicolas Delestret, aux éditions Delcourt, est plus récente. Il y a dans les mines des hommes qui mâchent du charbon pour s'emplir l'estomac et tromper la faim. Mais c'est en exil à Guernesey qu'il en rédige la plus grande partie. C'est le bébé que Gwynplaine recueille au début du roman, sur le sein de sa mère morte de froid dans la tempête de neige. À l'époque de sa sortie, le livre est un échec public, le lectorat n'étant pas au rendez-vous. Elle est la figure antithétique de Dea. C’est l’effigie contradictoire de Dea, son opposée. Elle est celle qui protège Gwynplaine de la chute. 2,6. [Amorce] Beaucoup d’écrivains, romanciers ou dramaturges, choisissent pour dénouement de leur œuvre la mort d’un personnage conduit au terme de son destin, et donnent ainsi au lecteur ou au spectateur, en présentant le cycle complet d’une vie, la satisfaction de « savoir » ce que dans la réalité il ne connaît pas : « comment cela commence ou finit » (Jean Giraudoux). On peut aussi noter le symbolisme du passage des portes et des couloirs au parlement qui permet la transformation de Gwynplaine de saltimbanque en Pair du Royaume. Comme il ne sait pas comment annoncer la nouvelle à Dea, il tente de cacher l’absence de Gwynplaine et de duper Dea en jouant à la place de Gwynplaine et en imitant sa voix avec ses dons de ventriloque. Toutes les digressions au début de L’Homme qui rit.Hugo poète avant tout. En effet, outre que l’action soit déplacée de l'Angleterre des années 1700 à l'Italie de la renaissance, le film contient de nombreuses péripéties totalement absentes du roman. Elle protège Gwynplaine de son écroulement. Si vous saviez ce qui se passe, aucun de vous n'oserait être heureux. Nommé responsable des objets trouvés en mer, Barkilphedro fait un jour une trouvaille qui deviendra son outil de vengeance : une bouteille jetée à la mer par les « comprachicos » 15 ans plus tôt. Page de garde du livre de Victor Hugo, l'Homme qui rit, édition de 1876, Illustration de Daniel Vierge. Alors que leur bateau est broyé par les flots, et voyant la mort venir, les hommes décident de jeter une gourde à la mer contenant l'aveu de leur crime (l'enlèvement de Gwynplaine). Pris dans la tempête de neige, Gwynplaine frappe vainement aux portes des habitations avant de trouver finalement refuge dans la roulotte d’Ursus qui prend les deux enfants sous son aile. Et ces deux livres, s'il est donné à l'auteur d'achever ce travail, en précèderont et en amèneront un autre qui sera intitulé : Quatrevingt-treize, « Si l’on demande à l’auteur de ce livre pourquoi il a écrit, « Œuvre poignante et grandiose […] Mes lecteurs connaissent l'œuvre dans ses plus minces détails, ils l'aiment comme moi, ils la jugent comme moi bonne et grande, « Il (Victor Hugo) coupe le fil à son récit et à ses personnages avec des dissertations abominables, dans lesquelles se débattent, comme dans un chaos, les prétentions d’un, « J'ai voulu abuser du roman. D’un côté, il aborde l’oisiveté exagérée de la bourgeoisie qui s’ennuie et se distrait de l’oppression et de la violence. Les premières consistent à rendre confuse la distinction entre l'homme et l'animal. Elle représente l'Ève tentatrice, celle à laquelle Gwynplaine a du mal à résister. En cours d'écriture son projet s'enrichit : le livre ne sera pas seulement politique mais philosophique, historique et poétique : « Si l’on demande à l’auteur de ce livre pourquoi il a écrit L’homme qui rit, il répondra que philosophe, il a voulu affirmer l’âme et la conscience, qu’historien, il a voulu révéler des faits monarchiques peu connus et renseigner la démocratie, et que, poète, il a voulu faire un drame (ébauche de préface - 22 mai 1868 - Choses vues)[5] ». Retrouvez L'Homme qui rit et des millions de livres en stock sur Amazon.fr. Un autre livre, qui suivra, pourra être intitulé la Monarchie. Il est introduit dès le deuxième chapitre où on le découvre abandonné par les comprachiros et luttant seul contre une tempête de neige. Après une certaine hésitation, Gwynplaine choisit de ne pas répondre au rendez-vous qu’elle lui offre et de rester avec Dea. Savez-vous qu'à Burton-Lazers, il y a encore des lépreux […] ? Enfin, la difformité, œuvre de la nature pour Triboulet, Quasimodo ou Han, est ici œuvre des hommes et l'on peut alors s'en indigner. La première série est due à Fernando de Felipe, et paraît aux éditions Glénat en 2000[73]. (2011). L'homme est près de succomber lorsqu'apparaît la lumière, incarnée par Dea, qui l'aide à vaincre définitivement le chaos. Le premier est Ursus (ours en latin), un vagabond qui s’habille de peaux d’ours et est accompagné d’un loup domestique baptisé Homo (homme en latin). L’auteur la retrace comme captivée par la difformité et s’ennuie avec les gens qui viennent du même milieu qu’elle. Il doit se battre contre la nuit, la neige et la mort. Avec Marc-André Grondin , Gérard Depardieu , Emmanuelle Seigner , Christa Théret , Arben Bajraktaraj. Le livre est alors offert à tout lecteur acceptant d'acheter pour 100 francs de livres présents dans un catalogue. Après une certaine hésitation, Gwynplaine choisit de rester avec Dea et ne répond pas au rendez-vous qu’elle lui propose. Cette saynète est comme un condensé du livre lui-même, puisque, du combat que livre Gwynplaine à la Chambre des lords, il ne peut sortir vainqueur et ne trouve le repos qu'auprès de Dea[60]. Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Victor Hugo lui-même reconnaît son échec qu'il impute d'une part aux spéculations de son éditeur mais aussi à la trop grande ambition de ses objectifs : « J'ai voulu abuser du roman. Les fabriques de draperie sont fermées dans tout le Lancashire. Il se retrouve dans toutes les distractions un peu agressives et provocantes telles que la boxe, le combat de coq, les exactions sur la population… David Dirry-Moir ne refuse pas de s’encanailler en se déguisant en matelot sous le nom de Tom-Tim-Jack. Gwynplaine envenime les choses avec ses discours contre le pouvoir. Il se bat pour défendre les opprimés. Mais la lumière éclaire aussi la face mutilée de Gwynplaine. Le rire de Gwynplaine est l'allégorie du peuple souffrant. Savez-vous que les pêcheurs de harengs de Harlech mangent de l'herbe quand la pêche manque ? Bernard Teyssot précise que, dans ce roman, « l'érudition y apparaît insistante, intimidante, et parfois gratuite[27] » mais démontre que l'on est ici loin de la gratuité. À la mort de Lord Clancharlie, l'intérêt du roi Jacques II était que cet enfant disparaisse. Comment ce monstrueux et ce difforme peuvent-ils susciter plus le rire que l'horreur ? Pour le Victor Hugo d'avant l'exil, l'aspect physique doit refléter l'âme[40]. C'est Daniel Vierge qui en illustrera l'édition de 1876. » Barbey d'Aurevilly en fait une critique incendiaire dans Le Nain Jaune le 25 avril et 23 mai 1869[13] : « Il (Victor Hugo) coupe le fil à son récit et à ses personnages avec des dissertations abominables, dans lesquelles se débattent, comme dans un chaos, les prétentions d’un Trissotin colossal[14]. Lord David Dirry-Moir est le fils illégitime de Lord Clancharlie. 2) Le Myriam Roman[48] distingue, dans l'œuvre hugolienne, le grotesque du burlesque. À parler absolument, notre visage est un masque. Dea est inaccessible, certains passages le confirment. De là une sorte de colère du public contre moi[17] ». Ursus est l'homme à la peau d'ours « j'ai deux peaux voici la vraie[51] » et Homo est le loup à nom d'homme. Dans le même temps, on découvre les relations de jalousie de la reine Anne envers sa jeune sœur Josiane. — pourrait déshonorer intellectuellement la vieillesse d'un homme, qui n'a pas su se taire à temps[15]… ». Il dénonce d'une part l'oisiveté excessive d'une noblesse qui par ennui se distrait de la violence et de l'oppression, mais aussi la passivité du peuple qui préfère rire et se soumettre. Elle ne rit pourtant pas une seule fois et ne revient jamais à l’auberge. Œuvre pour la télévision en trois épisodes. Au centre du roman, se trouve la description de la saynète qui fait le succès de la petite troupe formée par Ursus, Gwynplaine et Dea : Chaos vaincu. ». François Jacob voit en elle un être double : déesse et prostituée[66]. Sur la scène maintenue dans l'obscurité, l'homme, joué par Gwynplaine se bat contre des forces obscures, interprétées par Ursus et Homo. Il est le seul fils légitime et héritier naturel de Linnaeus Clancharlie, en lieu et place de son demi-frère David Dirry-Moir. Homo restera fidèle à Ursus du début jusqu’à la fin de l’histoire. Il est décrit comme un personnage élégant, courageux à la guerre, un peu dandy, un peu opportuniste, d'un premier mouvement franc et sincère. On le retrouve à l'âge adulte, saltimbanque, clou du spectacle de la Green-Box. Jules Barbey d’Aurevilly, Victor Hugo, éditions G. Crès, 1922. Ursus est bateleur, médecin, ventriloque et avant tout montreur de loup. Gwynplaine renonce finalement à la pairie et cherche à retourner vivre auprès d’Ursus et de Dea. Chaque digression a un sens. C'est précisément dans cette exagération, dans ce foisonnement baroque que. Ils présentent une pièce de théâtre, Chaos Vaincu, qui rencontre un franc succès : le visage mutilé de Gwynplaine suscite l’hilarité générale des spectateurs. À la chute de Jacques II, il se met au service de son successeur Guillaume. Ce roman est connu pour la figure mutilée dans un rire permanent de son héros qui a beaucoup inspiré le monde cinématographique ainsi que le monde littéraire. Ce n'est donc que par l'abondance de mots que l'on peut rendre compte du caractère diffus de la pensée[28]. Dans L'Homme qui rit, Victor Hugo renoue avec un personnage qu'il affectionne : le monstre. Il y a des êtres qui vivent dans la mort. », « se passer de toit, se passer de pain,(…), préférer la faim dans un bois à l'esclavage dans un palais », « Homo est l'homme libre, proscrit dans son pays ». De Jean-Pierre Améris. Ces derniers sont plus considérés comme des figures emblématiques que des héros de roman. Impuissant, Ursus ne peut qu’espionner de loin. Ursus, impuissant, ne peut qu'espionner de loin. Fortement complémentaires, Gwynplaine — dont la difformité est invisible à Dea qui ne voit que « la beauté de son âme » — et Dea — dont l’infirmité, loin de rebuter Gwynplaine, le pousse à lui accorder toute son attention — forment un couple encore chaste et profondément lié. Le réalisateur traduit alors le roman en scénario en compagnie de Guillaume Laurant afin d'en faire un film. Lors de la rencontre entre Gwynplaine et Josiane dans le château, celle-ci est décrite comme une tigresse, évoquant le chat, la panthère, le fauve, rugissant, avec griffe et crinière. Il est décrit comme un personnage mystique et étrange, ne croyant pas aux mêmes valeurs que celles que la société habituelle défend, partageant sa vie avec Homo (« Homme »), un loup qui semble faire preuve à ses yeux d’une totale humanité. Les héros sont Ursus (l'ours), un vieil homme bourru au grand cœur, à l'érudition savante, vivant dans une roulotte qui cahote sur les routes anglaises sous le règne du roi Georges III. Dea qui ne voit que l'âme peut ainsi dire de Gwynplaine qu'il est beau[42]. Frédéric Lock dans la Revue moderne tente d'en analyser les raisons[16] : la période d'édition certes, mais surtout l'œuvre elle-même, avec une intrigue romanesque touchante, mais un plaidoyer politique anachronique et une présentation historique tronquée. Ursus et Dea sont priés de quitter l’Angleterre sous peine d’emprisonnement et de mort pour Homo. On le trouve déjà dans sa première œuvre Han d'Islande, on le retrouve dans le Quasimodo de Notre Dame de Paris.