» Réponse : La typologie est une forme particulière de symbolisme. Raison ou principe de toute chose, source unique de la « Lumière », la Déité se présente pourtant à l'homme comme un principe irrationnel, comme un abîme obscur aux profondeurs impénétrables. Antérieur à la création dont le processus de développement est temporel, il est également éternel, sans commencement ni fin[44]. L' « Un » y est toujours écrit par lui avec une majuscule de majesté qui témoigne de son statut transcendant car, comme dans le néoplatonisme ou la doctrine de Maître Eckhart, l'Un constitue le principe métaphysique originel, le « fondement de toutes choses ». Cette dialectique, dont Hegel semble s'inspirer, se déploie à travers une histoire décrite comme un processus ordonné d'autorévélation de l'Esprit qui doit conduire à une conscience de soi absolue, thème que l’on retrouvera dans toute l’œuvre du grand philosophe[25]. La béguine Mathilde de Magdebourg parle ainsi vers 1250 dans La lumière fluente de la divinité de « la Lumière ruisselante de la Déité », puis décrit Dieu comme un cercle dont « la partie la plus basse […] est un bastion sans fond ». D'après David König, cette indétermination absolue de ce qui constitue l'origine de l'être est de deux sortes : En posant ainsi l'identité du Néant et de l'Un dans l' Ungrund, Böhme donne une certaine consistance au Néant, tandis que l'Un lui-même apparaît comme sans-fond ou abîme. T. il désigne à la fois le chaos primitif, les cavernes immenses de la terre où Dieu rassembla les … − Directement issu du lat. Il ne développe pas non plus une théologie négative, puisque la déité outrepasse par sa transcendance absolue toute compréhension logique, y compris négative. oCMenu.level[0].arrowWidth=0; Le mouvement béguinal et celui du Libre-Esprit, prônant la pauvreté en esprit, influencèrent la mystique rhénane et Maître Eckhart, ce dernier ayant probablement connu l'œuvre de Marguerite Porete. Concordance biblique du mot hébreu « ’abaddown » : Job 26.6 Devant lui le séjour des morts est nu, L’abîme 11 n’a point de voile. Comme image de l'infinité divine, l'abîme cesse de prendre chez Augustin un sens privatif pour renvoyer au contraire à ce qu'il y a de plus grand ou de plus élevé dans l'ordre de l'être[9]. Dans L'apothéose du déracinement, ouvrage publié en 1905, la pensée de « l'infondé » va jusqu'à prendre les traits d'un scepticisme radical. Mais la matière n'est pas non plus un non-être. Schelling reconnaît toutefois que cette unité profonde de la réalité n'apparaît pas dans notre expérience consciente, et que la conscience se trouve toujours confrontée à une apparente mais récalcitrante contradiction entre le monde objectif et la réalité subjective de l’esprit, qui semblent comme séparés par un gouffre. C'est là encore par le mot d'abysse (Abyssus) qu'Augustin choisit de rendre compte de cet état paradoxal de quelque chose qui est tout en étant absolument indéterminé, et c'est précisément dans ce sens équivoque que Maître Eckhart, au XIVe siècle, en reprendra le terme pour le traduire ensuite comme abgrunt[6]. Il poursuit les mêmes réflexions qu'Augustin sur la dimension « abyssale » de l'âme humaine, sans pour autant développer une conception de l'abîme comme matière indéfinie (informitas)[10]. et du Nouv. L'infondé est le « centre existentiel » résidant au cœur de l'homme. À cette fin, l'âme humaine doit retrouver en elle ce qui est « capable de Dieu », c'est-à-dire son fond originel (Grunt), non séparé de l'être divin et existant avant toute création. Le séjour des morts et l’abîme 11 sont devant l’Éternel ; Combien plus les cœurs des fils de l’homme ! Les deux termes hébreux èmeth et èmounâh sont traduits en français par « vérité » ou « foi » ; il y a en effet un lien étroit entre les deux notions : la vérité fait naître la foi, et la foi n'a de base solide que dans la vérité. Augustin définit plus précisément la matière non pas comme une substance privée de forme mais comme la privation même de forme, à l'instar du mal qu'il définit comme la privation du bien, car Dieu, créateur de tout chose, ne peut avoir produit, dans son infinie perfection, quoi que ce soit de négatif ou d'informe[4]. On parle alors de « méontologie » ou de « néontologie » (ou bien de « néantologie »)[32] pour qualifier cette forme de pensée où le Néant est premier par rapport à l'être dans l'ordre de la réalité, et l'être une simple émanation à partir du Néant primordial, ou sa simple manifestation . de l'Anc. T, est celui de « fermeté » () ; ils désignent ce qui est fixe, inébranlable. Puisqu'elle est sans forme, les lumières de l'esprit ne peuvent y pénétrer. Bien qu'il semblait jusque là établi que le terme Ungrund (« Sans-Fond ») avait chez Böhme son origine dans les conceptions gnostiques de l'Abyssus, puisqu'il existe des similitudes entre elles et sa propre vision de l’Abîme, Alexandre Koyré a montré le caractère spécifique de l' Ungrund böhmien, entendu non plus comme « fond ténébreux » associé au mal, mais comme « fond-sans-fond », fond indéterminé à l'origine de tout. C'est sous la forme d'analogies et de descriptions symboliques que ce livre du XIIIe siècle présente la manifestation de Dieu dans sa révélation. La pensée de l'abîme se formule ainsi dans les termes d'une hénologie[29], d'une pensée de l'Un. Le séjour des morts et l’abîme 11 sont insatiables ; De même les yeux de l’homme sont insatiables. D’après le philosophe David König, seule la doctrine de Jacob Böhme peut être considérée comme une authentique pensée de l'abîme[24]. oCMenu.level[1].regClass="clLevel1"; chrét., abîme, trad. En philosophie, l'abîme est une métaphore employée pour signifier la profondeur sans limite ou la parfaite obscurité d’un principe, d’une origine ou de Dieu, en lien avec les idées de source, de pesanteur, d’antériorité et d'inconditionné. Quant à l'évocation des profondeurs infernales, elle ne se retrouve que dans le texte de l'Apocalypse de saint Jean, mais son auteur reste constant dans son interprétation du terme Abyssus, ce qui lui donne une forte consistance, de sorte que l'évocation des profondeurs de l'enfer finira par rester. Cette idée d'un état intermédiaire ou équivoque entre l'être et le néant est présente dans tout le développement augustinien sur le statut ontologique de la matière, statut qui coïncide avec celui de la création. Böhme 1623, repris dans König 2006, p. 52. Abîmé : définition, synonymes, citations, traduction dans le dictionnaire de la langue française. oCMenu.rows=1; Définition : Gouffre très profond, abysse.. Orthographe simplifiée: abimé. Elle est reprise dans la littérature patristique sous le terme d' Abyssus, terme employé également dans la Vulgate (première version latine de la Bible traduite à partir de l’hébreu)[1]. Cet abîme réside au fond de la conscience ; il constitue une réalité souterraine qui occupe l'espace psychique entre la raison et la passion, la pensée et l'intuition, ainsi qu’entre le « moi » et le monde[43]. Certains kabbalistes ont développé cette idée, notamment Rabbi Joseph ben Shalom de Barcelone, au tout début du XIVe siècle. C'est ici la foi dans le Dieu des Écritures qui apparaît comme l'infondé, l'abîme suprême : tout en elle est inexplicable et fantastique, elle ne peut jamais être enfermée en des termes communs à tous et doit se passer de tout « support extérieur », même des lois de l’Écriture, car elles aussi représentent un fondement, un « sol ». Cette dualité, bien que perdurant depuis les premiers âges de l’univers, et destinée à durer jusqu'à la fin des temps, ne constitue elle-même que l’étape intermédiaire entre l’état initial de l’être et son retour à l’unité[41]. Comme l'abîme, elle n'est pas égale au rien ou au non-être : elle est à la fois quelque chose et rien, puisque l'absence de forme n'équivaut pas au néant. Définition Synonymes Mots … oCMenu.level[0].width=718/6; Il faut selon Böhme dépasser cet apophatisme prédicatif traditionnel hérité de la théologie négative pour penser un apophatisme ontologique, qui concerne la réalité même du divin, nécessairement négative[34]. L' Ungrund, définissable seulement négativement comme « Sans-fond », est en ce sens un principe « insondable » et « incompréhensible ». De même que la matière sans forme se définit par défaut comme abîme privé de lumière, de même l'homme, dans sa déficience ontologique propre, est identifié à un abîme, image de sa damnation éternelle qui fait suite à sa chute originelle, au péché qui a rendu sa chair matérielle et mortelle. L'homme, ainsi « éveillé à soi-même » n'a plus besoin d'aucun sol ni d'aucun point d'appui, et peut vivre librement dans l'Abîme[50]. Mais l’origine ultime de l’être ne peut à proprement parler être un fondement ou une essence ; il est nécessairement un abîme, un « Sans-fond » (Ungrund ou Abgrund) plus profond que l’être lui-même qui en provient. Job 31.12 Cette nouvelle signification, encore peu présente dans l’œuvre d'Augustin, s'inscrit dans la tradition interprétative du Deus absconditus, où Dieu reste caché et ineffable (il est dit en ce sens « abscons »). Étant lui-même sans dimensions et placé en quelque sorte entre le Néant et l'Être, le point illustre ce que les kabbalistes du XIIIe siècle appellent « l'Origine de l'Être », ou le « Commencement » (Bereshit), qui est aussi le premier mot de la Genèse[16]. Il y voit le « fondement sans fondement de l'être », situé « plus profond que l'être, quel qu'il soit »[52]. Elle est également si ténébreuse et d'une profondeur si impénétrable, du fait de sa dégradation matérielle, qu'elle ne peut même pas se comprendre elle-même[11]. Ce fossé entre ce qui apparaît à la conscience comme deux types de réalité inconciliables limite considérablement son pouvoir de connaissance. La Kabbale est une tradition ésotérique du judaïsme qui s'est développée à partir du XIIe siècle et qui a connu un véritable essor en Europe, y compris au sein du christianisme, entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle. La première œuvre-maîtresse de la Kabbale est le livre du Zohar, attribué à Moïse de Léon. Psaumes 88.11 Acte de fondation ou fondement dynamique de l’existence, l’Abgrund est chez Heidegger la métaphore à la fois négative et positive du caractère fondamental de l’être, renvoyant aussi bien à l’impossibilité qu’il y a à le retenir dans une essence déterminée qu’à ce qui se cache à l’intérieur même de ce qu’il révèle[49]. Elle s'apparente à la théologie négative la plus rigoureuse, puisque l'Abîme (Ungrund) y apparaît comme une pure transcendance, sans rapport avec le monde et au-delà même de Dieu, qu'il précède absolument[23]. Au contraire, loin de signifier une quelconque obscurité ou vacuité de Dieu, elle révèle sa parfaite surabondance, au regard de laquelle la créature n'est plus que néant, et son esprit, plus qu'obscurité. L'abîme équivaut pour lui au cœur ou à l'âme de l'homme, et il en décrit à la fois : Semblable à l'eau des abysses, l'âme humaine en a l'aspect changeant. Elle concentre alors son langage sur le seul champ lexical de la profondeur, si bien que son essai de définition sonne à la fois comme un oxymore, où lumière jaillissante et profondeur obscure semblent s'opposer, et comme une redondance autour du thème de l'abîme en Dieu. Avant que l' Ungrund n'entame son processus d'émergence conduisant à la création du monde, il n'y a en effet aucune entité d'aucune sorte ; il n'y a donc rien à proprement parler, pas même Dieu[25]. Dans la tradition de la mystique spéculative ainsi que dans celle du romantisme philosophique, l'idée d'abîme fait entrevoir l'unité supposée de l'être en identifiant un fond commun à toute chose. fr. oCMenu.level[0].offsetX=0; Reprenant à son compte l'interprétation classique de la mer (mare) comme métaphore du monde (saeculum), Grégoire voit alors dans le monde un lieu tout proche de l'enfer, à ses frontières, dans lesquelles les âmes issues du péché originel sont tombées et se retrouvent comme en prison, dans les sables mouvants de la matière[12]. Pour cela, définissons déjà les termes bibliques du corps, de l'âme et de l'esprit, et observons les différentes interprétations et utilisations dans la Bible. La métaphore de l'eau est ainsi essentiellement morale et négative, évoquant l'instabilité de l'homme, ainsi que sa connexion avec ce qui relève de son fond obscur ou ténébreux, que les apparences sociales dissimulent. Elle doit permettre de concevoir la façon dont l'Abîme devient automanifestation de l'Esprit, fournissant ainsi une justification du processus par lequel la conscience humaine émerge sur le fond d’une nature inconsciente. oCMenu.level[0].arrowHeight=0; oCMenu.level[1].borderY=1; À la question proprement métaphysique : « pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Romains 10:7 ou : Qui descendra dans l’ abîme [abussos]? Il lui donne une triple signification, s'appuyant pour chacune de ces significations sur trois citations tirées des Écritures, selon un schéma qui semble trinitaire[3]: D'une manière générale, l'Abyssus d'Augustin renvoie à une forme de vacuité qui est d'abord celle de la matière, mais l'idée dynamique de chute y est également associée et trouvera une postérité plus grande dans le contexte du christianisme. Apocalypse 9:1 Le cinquième ange sonna de la trompette. Lexique grec | Lexique hebreu. fr. Sorte de gnose juive, elle prétend, par la révélation qui y est faîte, donner les réponses aux questions essentielles concernant la nature de Dieu, l'origine et la fin de l'univers, le rôle de l'homme et son devenir. La volonté de l’Ungrund doit être comprise dans cette perspective comme un processus d’autodifférenciation, car elle se manifeste d’abord dans sa propre intériorité, ce qui conduit à une différenciation intérieure de l’Unité primordiale[39]. Abîme signifie gouffre profond ; abysse signifie gouffre marin Abîme : définition, synonymes, citations, traduction dans le dictionnaire de la langue française. Aux catégories traditionnelles de l'être et du non-être, et à celles platoniciennes de l'un et du multiple développées dans le Parménide, Augustin ajoute alors le concept du « presque-rien » (paene nihil ou prope nihil), notion en quelque sorte intermédiaire entre celui de l'être et du néant[5]. La meilleure façon d’approcher la notion d’Abîme est alors d’en saisir le processus dialectique paradoxal qui le fait passer du non-être à l’être.