Je suis sûr que le public va rester indifférent à cette collection de chefs-d’œuvre ! Vous qui aimez l’idéal et qui le sentez, je vous recommande les histoires de chevalerie qui sont dans le premier volume. La Légende des siècles est regardée comme le chef-d'œuvre de Victor Hugo et parfois comme la seule épopée française depuis La Chanson de Roland, après les demi-échecs ou les demi-réussites de la Henriade ou de la Franciade, sans doute parce que justement elle s'affranchit de l'ambition de faire une épopée de la seule France tout en la mettant en son centre à travers l'épopée de la Révolution et l'épopée napoléonienne. Poètes du 20ème siècle. Hugo a aussi voulu revenir sur l'Antiquité et surtout sur la Grèce antique, qui manquaient dans la Première Série. Il n'est pas impossible que le poète, affaibli physiquement et intellectuellement depuis sa congestion, affecté par la mort de Juliette Drouet, ait été influencé ou ait laissé faire ses amis et exécuteurs. XIX e siècle; Thèmes; Repères; Hugo; Chronologie; Découvrir. La poésie est le genre littéraire le plus approprié pour laisser paraitre l'expression de ses sentiments. L'année même de la publication des Misérables, 1862, il s'attella à la Nouvelle Série, reprenant le plan primitif de la Première Série et ses poèmes écartés: L'Âne, Les Sept Merveilles du Monde (qu'il vient d'écrire), La Révolution, La Pitié Suprême. La Nouvelle Série a un lourd enjeu social et philosophique, et reflète largement les positions de Hugo dans ces années, nettement anticléricales et tournées vers les questions de société. Hors des temps (La Trompette du jugement), L'œil était dans la tombe et regardait Caïn (, Vous m'êtes apparu dans cet homme, Seigneur (. Après Les Châtiments et Les Contemplations, l'éditeur Hetzel, hésite devant La Fin de Satan et Dieu qui sont près d'être achevés et que Hugo lui soumet. Sa mère, Sophie … Ce thème multiple se rapproche de celui de l'hybris, le thème grec éternel de la démesure des hommes et de leur orgueil, et de la chute inévitable qui les accompagne, et se place au fondement de la pensée de Hugo ; tel était déjà le destin de Nemrod dans La Fin de Satan, et en fait de Satan lui-même. J’ai des soleils qui me tournent devant les yeux et des rugissements dans les oreilles. La Légende des siècles est un recueil de poèmes de Victor Hugo, conçu comme une œuvre monumentale destinée à dépeindre l'histoire et l'évolution de l'Humanité. Il entretient des relations d'estime et d'admiration mutuelles avec Balzac, Nerval et Vigny sur le et des relations d'amitié avec Dumas, son compagnon de romantisme, qui dureront, avec beaucoup de hauts et quelques bas, toute la vie . Tu me manques ! La Première série parut le 28 septembre 1859 à Bruxelles, en deux volumes. Ce bouquin m’a fortement calotté ! Hugo ne s'approprie pas l'histoire mais il la raconte comme une expérience qu'il a vécue. Avertissements et châtiments (Le Travail des captifs ; Homo duplex ; Verset du Coran ; L'Aigle du casque). C'est le 9 juin 1883 que parut le tome cinquième et dernier de La Légende des siècles, intitulé "série complémentaire". Le Cycle pyrénéen (Gaïffer-Jorge, duc d'Aquitaine ; Masferrer ; La Paternité) ; XXII. Enfin, le recueil se clôt sur le formidable Abîme, dialogue vertigineux entre l'Homme, la Terre, le Soleil, les Étoiles, jouant sur les échelles jusqu'à l'Infini derrière lequel se tient Dieu, replaçant l'homme dans sa petitesse face à l'Univers. Il a été en effet maintes fois relevé que cette fusion nuit de manière regrettable à la logique interne de l'œuvre. Et quand je dis gueuler – non, hurler ! les ruisseaux purs qui lavent le gazon ? L'Islam (L'an neuf de l'Hégire ; Mahomet ; Le cèdre), IV. Ces multiples détails, Hugo les tirait de sources très sérieuses de sa bibliothèque, tels les Livres sacrés de l'Orient (compilation de Pauthier), l'Histoire universelle de Dom Calmet ou surtout le Grand dictionnaire historique de Moréri qu'il possédait dans une édition de 1683. S'il convint de la grandeur hugolienne, il était plus critique sur la réussite et la capacité de celui-ci à comprendre véritablement les civilisations passées. La Légende des siècles apparaît surtout, enfin, comme la voix du XIXe siècle et de cette formidable libération des esprits et des âmes qui a suivi l'ère des révolutions, dont le romantisme a été une des plus extraordinaires manifestations, et qui porte désormais sur le chemin parcouru par l'Homme et sur l'avenir un regard nouveau. Il est considéré comme l'un des plus importants écrivains de langue française. La Bible, dont il s'était exercé à versifier de longs passages dans les années 1840 (qui furent parfois repris dans la Fin de Satan et Dieu, et même dans la Légende), était également une de ses sources principales, et Homère, Virgile et Dante ses modèles absolus. Contrairement à ce que celle-ci et d'autres publications récentes (tels Les Quatre Vents de l'esprit, en 1881) laissaient penser, il s'agit en fait de textes écrits bien auparavant et non des ultimes œuvres d'un Hugo apparemment intarissable. Cette recherche des noms inconnus et spécifiques va de pair avec ce choix des sujets méconnus par rapport aux grands faits historiques. Quand tout le continent entre en ébullition, il se fait le champion de la « Révolution des peuples » et en appelle à la création des États-Unis d'Europe. Quel immense bonhomme ! Hugo, qui veut être « Chateaubriand ou rien », passe, comme son modèle, dans l'opposition littéraire. On connaît aussi le cas du fameux Jerimadeth (Booz endormi), sur lequel se sont longuement penchés les spécialistes de la Bible. qu’on m’attache ! Vingtième siècle (Pleine mer - Plein ciel), LX. Ce livre, c'est le reste effrayant de Babel ; Une lettre pour tous les passionnés d'Histoire, Publié ou mis à jour le : 2019-05-15 16:03:17. 5 novembre 2020. Les poèmes, tantôt lyriques, épiques ou satiriques, forment une suite de l'aventure humaine, cherchant non à résumer mais à illustrer l'histoire du genre humain, à témoigner, au sens originel du terme, de son long cheminement des ténèbres vers la lumière. Son père Léopold Hugo s'engage comme soldat à quatorze ans et devient officier à dix-sept ans, en 1790. Mais au-delà de l'anecdotique et du légendaire, il est un fil conducteur que l'Humanité suit inlassablement : le Progrès, ce « grand fil mystérieux du labyrinthe humain ». La mise en chantier d'une seconde série de petites épopées commença dès la parution de la Première, mais Hugo fut d'abord occupé par la reprise du projet des Misérables et son activité poétique se concentra, une dernière fois, sur La Fin de Satan et Dieu. La nouvelle commande subit néanmoins l'influence de la nouvelle pensée de Hugo et de ses œuvres voisines, tant à cette époque toutes les œuvres de Hugo sont mêlées, créées dans un même élan et dans une sorte de magma d'inspiration, poétique, mystique et philosophique, qui est la marque de sa première décennie d'exil. L'étude de la chronologie des principaux poèmes de La Légende et de ceux qui lui sont intimement liés permet de constater l'évolution de l'idée initiale, l'intense activité qui occupe les années précédant les deux premières publications, et le fait que le dernier recueil de 1883 n'est en fait composé que de poèmes écrits à divers moments des deux séries précédentes : La parution des séries de La Légende des siècles à trois moments distincts et, pour les deux plus importantes, première et deuxième, éloignés de près de dix-huit années, a fait que chacune a été accueillie de manière très différente, suivant son contexte. Mais les troubles du début des années 1870, qui virent Hugo reprendre l'activité politique et revenir en France, modifièrent sa vision. Aujourd'hui n'ayant plus que de hideux tronçons, "Il y a dans ma fonction quelque chose de sacerdotal, écrit-il dans L'histoire d'un crime (1852) ; je remplace la magistrature et le clergé. Elle donne aujourd'hui des cours d'Histoire de l'art à Lausanne. Si elle a le mérite de replacer « la vision d'où est sorti ce livre » en tête de l'ensemble, dans son rôle de seconde préface, elle fait disparaître les spécificités de chaque série, notamment celle de la Nouvelle Série conçue comme un témoin de son temps. Qui triomphe est vénéré… Ayez de la chance, vous aurez le reste ; soyez heureux, on vous croira grand. Décadence de Rome (Au lion d'Androclès), III. Le monde et le siècle. souhaitée]. Le 26 février, naissance à Besançon de Victor Hugo, troisième fils (après Abel et Eugène, nés en 1798 et en 1800) de Léopold Hugo et Sophie Trébuchet. Hugo était cependant plus proche de cette création du mythe que Leconte de Lisle, en dépassant la seule imitation du processus pour le réinventer. modifier - modifier le code - modifier Wikidata. » [11]. En 1859, Hugo écrivit deux textes qui peuvent être considérés comme deux préfaces à la Légende des siècles. ». Les autres grands textes écrits pour elle en 1857-1858, mis à l'écart, furent reportés à une deuxième série future. À quoi bon l’eau du fleuve et l’éclair de l’orage ? Fier jadis, dominant les lointains horizons, Victor Hugo occupe une place marquante dans l’histoire des lettres françaises au xixe siècle, dans des … La chose est possible, même s'il semble qu'aucun poème n'ait été écrit entre la parution de la Nouvelle Série en février 1877 et juin 1878. Plus tard, reçu à l'Académie française à la place de Hugo, et au milieu de ses éloges convenus, il dira que pour réussir pleinement la tentative de la Légende des siècles, « il fallait qu'il se fût assimilé tout d'abord l'histoire, la religion, la philosophie de chacune des races et des civilisations disparues ; qu'il se fit tour à tour, par un miracle d'intuition, une sorte de contemporain de chaque époque et qu'il y revécût exclusivement, au lieu d'y choisir des thèmes propres au développement des idées et des aspirations du temps où il vit en réalité. « As-tu lu la Légende des siècles du père Hugo ? Il est fait maréchal de camp par le roi d'Espagne (l'équivalent en France de général de brigade). »[5]. Entre lions et rois (Quelqu'un met le holà), IX. Bouilhet me manque ! Beaucoup ont été frappés par la puissance évocatrice de la nouvelle œuvre de Hugo, qui s'attachait pour la première fois réellement à ce genre particulier sur lequel régnaient Vigny et surtout, depuis le début des années 1850, Leconte de Lisle. Écrits par intermittence entre 1855 et 1876, tant ses projets sont nombreux en ces années d'exil à Guernesey, les poèmes furent publiés en trois séries : en 1859, en 1877 et en 1883. Ce qui le frappe surtout dans Hugo, qui a l'ambition de passer pour un penseur, c'est l'absence de pensée; c'est, selon son expression, un naturaliste. Il est né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885. Hugo intègre désormais les Petites Épopées à son système poétique, faisant d'elles la partie humaine de son dessein que forment La Fin de Satan et Dieu, et s'est rendu compte de la portée et des possibilités qu'offrent les Petites Epopées, présentées comme des fragments épars de la grande épopée humaine. J’ai besoin de gueuler trois mille vers comme on n’en a jamais fait ! La publication du roman  en 1862 lui vaut une popularité dans tous les pays et toutes les classes sociales. Il est considéré comme l'un des plus importants écrivains de langue française. […] Le père Hugo m’a mis la boule à l’envers »[4]. En mars 1857 Hetzel écrit à Hugo son refus de la Fin de Satan et de Dieu, mais accepte avec enthousiasme les Petites Épopées et l'engage à suivre cette voie. Du bien, du mal, des pleurs, du deuil, du sacrifice, Hugo noircissait ainsi des pages de notes et de noms, dans le but avoué de produire cet effet immédiat d'envoûtement sonore mais non dans celui, comme cela lui a souvent été reproché, de faire penser au lecteur que lui-même possède une connaissance illimitée. L'édition de ses Poèmes barbares sera sa réponse à la Première Série. Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé qui a joué un rôle majeur dans l'histoire du XIXe siècle.Victor Hugo occupe une place marquante dans l'histoire des lettres françaises au XIXe siècle… Découvrez toutes nos lettres déjà parues. Le titre n'est décidé qu'un mois avant l'envoi du manuscrit ; avec son sens de la formule, Hugo a définitivement choisi La Légende des siècles, conservant en sous-titre celui des Petites Épopées. Dix-septième siècle, Les Mercenaires (Le régiment du baron Madruce), XIII. Il y définit, en s'appuyant sur l'œuvre de S… Partager Tweet Imprimer. Œuvre artistique de la semaine : Victor Hugo, un écrivain du XIXème siècle. La Légende est pourtant bien moins connue que ses romans dans les pays non francophones, sans doute plus pour la raison première que la poésie récente est difficilement transmissible en d'autres langues que pour cette place donnée à l'histoire de France. En 1819, Hugo reçoit ses premières récompenses de l'Académie des Jeux floraux (Toulouse) pour deux odes royalistes. Portée par un talent poétique estimé comme sans égal où se résume tout l'art de Hugo, après l'accomplissement des Châtiments et des Contemplations qui lui ont ouvert de nouveaux horizons, la Légende des siècles est considérée comme la seule véritable épopée française et, suivant le jugement porté par Baudelaire, comme la seule épopée moderne possible. Devant lui, en rêve, le poète contemple le mur des siècles, vague et terrible, sur lequel se dessinent et se mêlent toutes les scènes du passé, du présent et du futur, et où défile la longue procession de l'humanité. XXI. Le jour de ses 80 ans, Victor Hugo a la surprise de voir les Parisiens joncher de fleurs la portion de l'avenue d'Eylau où il habite, au n°130. XVI. Le Cycle héroïque Chrétien (Le Parricide ; Le Mariage de Roland ; Aymerillot ; Bivar ; Le Jour des rois). Victor Hugo surpasse par sa puissance créatrice, son imagination et l'étendue de ses talents tous les écrivains de sa génération. Donne sa feuille morte. La dernière modification de cette page a été faite le 28 avril 2021 à 20:46. Victor Hugo est un poète, dramaturge et prosateur romantique français, né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris. Quel enthousiasme, quelle force et quel langage ! Puis il dut partir et se réfugia à Bruxelles. Le recueil fut également salué par Baudelaire, qui écrivit à son sujet le commentaire le plus fameux, et sans doute le plus juste : « Pour en revenir à la Légende des siècles, Victor Hugo a créé le seul poème épique qui put être créé par un homme de son temps pour des lecteurs de son temps »[9]. »[6]. Toujours dans le Théâtre Au Vieux Balancier. Elle introduit également, alors que chaque série la respectait à sa manière, des bizarreries de chronologie : l'Antiquité (mythologie grecque) se situe tout entière après Jésus et le Cid apparaît, une première fois, avant Mahomet… Hugo avait étudié l'équilibre de chaque volume et chaque poème avait une place bien affirmée et définie, que la réunion des séries ne pouvaient que rompre, dans le but de faciliter la lecture, en faisant alterner les longs poèmes avec des plus courts, méditatifs ou « reposants ». Hugo expose lui-même sa démarche dans la Préface, à propos des Raisons du Momotombo : «un rudiment imperceptible, perdu dans la chronique ou dans la tradition, à peine visible à l'œil nu, […] a souvent suffi». 1802 . Il va y résider jusqu'à la chute de l'Empire, refusant avec obstination les amnisties et le pardon de l'empereur : « S'il n'en reste qu'un, je serai celui-là ! En réalité, la congestion cérébrale dont Hugo fut victime en juin 1878 avait quasiment mis fin à son écriture. Dans son annonce de la prochaine série à venir, Hugo avait-il l'intention d'écrire spécialement pour celle-ci ? Corinne Jambon . Comme dans la Fin de Satan où la prise de Bastille constituait l'ultime acte de libération, la Révolution - dont le grand poème fut finalement écarté - reste annoncée comme le point central de l'Histoire, qui va « d'Ève, mère des Hommes, jusqu'à la Révolution, mère des Peuples » ; et apparaît en filigrane dans l'œuvre, comme une ombre lumineuse qu'on tait mais qui est partout présente. Victor Hugo ne consent à rentrer à Paris qu'au lendemain de la proclamation de la République, le 5 septembre 1870. Un auditoire intelligent me manque ! I. Vingtième siècle (Pleine mer - Plein ciel), XV. Il ne fait pas que décrire son époque mais il participe par son œuvre à son évolution et à ses changements politiques et sociaux.