Sous la pression des manifestations qui continuent à divers endroits, le Premier ministre Mohamed Ghannouchi annonce le 21 janvier dans une intervention télévisée qu'il quittera la politique une fois la transition assurée. Autre signe d’un climat qui ne s’apaise pas, les revendications du premier 1er mai, jour de la fête des travailleurs, et les revendications sociales sont nombreuses, mêmes si elles sont soutenues par peu de manifestants ce jour-là, lors du défilé sur l’avenue Habib Bourguiba à Tunis[213]. Dès le lendemain, le 18 janvier, des milliers de personnes manifestent à travers le pays pour protester contre la présence des ministres du dernier gouvernement Ben Ali dans le gouvernement de transition[104]. Ce n'est pas une armée de coup d'État, même si je peux me tromper », cf. Interview de Yadh Ben Achour par Isabelle Mandraud, « La Tunisie va connaître de vraies élections libres ». L'Union européenne appelle le 10 janvier « au respect des libertés fondamentales » et le gouvernement français au « dialogue »[50]. Concomitamment, le Premier ministre et le président par intérim annoncent leur démission du RCD, ainsi que celle de plusieurs personnalités importantes de ce parti[108]. Des manifestations spontanées et des affrontements éclatent le 17 janvier à la mi-journée à Tunis et dans d'autres villes comme Sidi Bouzid et Regueb, avant la proclamation dudit gouvernement pour protester contre sa composition jugée « trop RCD » et pour la dissolution du parti présidentiel[103]. Panonceau « Ben Ali dehors » brandi à Tunis, le 14 janvier 2011. D'autres immolations par le feu ont lieu dans d'autres pays d'Afrique à la suite du geste de Mohamed Bouazizi et sont interprétées par les médias comme la volonté des peuples des pays concernés à imiter l'exemple tunisien et à renverser le régime en place. La foule scandant "Dégage" devant le ministère de l'intérieur, le 14 janvier 2011. À la suite de ces défections, et malgré le refus de l'UGTT de revenir sur sa position, la première réunion du gouvernement provisoire qui devait se tenir le 19 janvier est reportée au lendemain, avec pour ordre du jour prévus un projet d'amnistie générale ainsi que la séparation entre l'État et le RCD[105]. Les manifestants, plusieurs milliers, occupent les kasbahs de Tunis et Sfax à partir du 21 février[197],[198], à l’appel notamment du CNPR. Ce dernier se voit ainsi confier la mission de prendre les décrets nécessaires à l'amnistie, à la mise en place d'un régime respectueux des droits de l'homme, et à l'organisation d'élections libres. Le militantisme en ligne était le point commun qui a mobilisé un grand nombre de personnes, à l’époque prête pour surmonter la peur et descendre à la rue. Au total, le produit intérieur brut (PIB) devrait croître de seulement 0,8 % au lieu des 4 à 5 % attendus, grâce aux aides étrangères (française et algérienne) et au dynamisme des industries d’exportation : textile, chaussures, mécanique, électronique[232]. Tarik El mekki publiait régulièrement du contenu YouTube afin de dénoncer ouvertement des crimes et des complots du régime de Ben Ali et sa belle famille ainsi que d’autres noms de fonctionnaires du haut de la hiérarchie de l’Etat. Choukri Hmed, "Répression d'État et situation révolutionnaire en Tunisie (2010-2011)". Ce mouvement de résistance non violente, grâce auquel les manifestations non violentes et l'utilisation d'outils modernes comme le téléphone portable et internet ont permis une mobilisation rapide et une victoire par renversement du président Slobodan Milošević, fut le premier dans l'Histoire à mettre autant à contribution le téléphone portable et l'Internet dans un but révolutionnaire avec un résultat positif. Les partis d'oppositions « illégaux » ne sont pas conviés à ces négociations : ni le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT) — dont le porte-parole Hamma Hammami avait été arrêté le 12 janvier pour avoir appelé au départ de Ben Ali, à la dissolution des institutions du régime et à la tenue d'élections libres et transparentes[90] —, ni le parti islamiste Ennahdha de Rached Ghannouchi[91] — exilé à Londres et qui annonce son retour —, ni le Congrès pour la république (CPR) — parti de gauche laïque de l'opposant Moncef Marzouki — ne sont présents aux négociations[92]. Le jeune homme meurt le 4 janvier 2011, dix-huit jours après son acte désespéré pour allumer la flamme de la révolution. Mais en Syrie aussi, la protestation enfle (voir Révolte syrienne de 2011). il y a 10 ans | 629 vues. Dans le même temps, au cours d'une conférence de presse, Lazhar Karoui Chebbi, ministre de la Justice annonce une série de mesures dont le lancement d'un mandat d'arrêt international contre le Zine el-Abidine Ben Ali, son épouse et certains proches pour « acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers » et « transferts illicites de devises à l'étranger », tout en sollicitant l'aide d'Interpol[169]. Ainsi, le 29 mars, les 51 % d'Orange Tunisie détenus par le gendre de Ben Ali, Marouane Mabrouk, sont confisqués par l'État tunisien. Le délai de soixante jours paraissant court pour organiser des élections pluralistes dans de bonnes conditions, la tenue d'élections sous supervision internationale dans un délai de six à sept mois est évoquée[95]. Le mouvement Ettajdid parle de se retirer lui aussi si les membres du RCD encore présents au gouvernement ne le font pas et le FDTL annonce « suspendre sa participation ». Celle de Human Rights Watch,était accessible mais sans sa rubrique sur la Tunisie qui, elle, restait introuvable. Le 6 janvier, trois blogueurs « cyberdissidents » sont arrêtés par la police[28]. La révolution a poussé les responsables politiques à épurer massivement l'appareil sécuritaire de l'État bénaliste (démission de nombreux hauts fonctionnaires, dissolution d’organismes de répression et de surveillance, abrogation des lois antiterroristes). Le 24 décembre 2010, la révolte se propage dans le centre-du pays, notamment à Menzel Bouzaiane, où Mohamed Ammari est tué par balle dans la poitrine par la police[30]. Parmi elles figure Boren Bsaiess notamment par son apparition télévisée durant la révolution tunisienne sur la chaîne Al Jazeera et dans laquelle il défendait la position du gouvernement vis-à-vis des contestations populaires tunisiennes[280]. Néjib Chebbi annonce également la réforme des conseils régionaux de développement — où doivent désormais siéger des composantes de la société civile aux côtés de l'administration — ainsi qu'un mouvement dans le corps des Gouverneurs — dont certains sont accusés de corruption et de répression — afin de mettre des gens compétents dans le domaine du développement régional à la tête des régions du centre. Il s'agit de la première révolution démocratique et sociale qu'ait jamais connue le monde arabe. Cependant, la baisse d’activité du tourisme est de 45 à 55 % sur les quatre premiers mois de l’année, et le FMI estime en avril que la croissance du PIB sera de 1,3 %, contre 3,7 % en 2010. Quatre ans plus tard, la Tunisie se dote d’un nouveau gouvernement sorti des urnes. Au matin du 13 janvier, la Fédération internationale des droits de l'homme affirme détenir une liste nominative de soixante-six personnes tuées depuis le début des événements[58]. ], formant ainsi une institution de 155 membres aux pouvoirs concurrents du Parlement[100]. Quand les médias traditionnels, encore sous l’emprise de Ben Ali avaient gardé le même discours en essayant de faire oublier l’incident de l’auto-immolation de Mohamed Bouazizi et d’isoler les contestations de la société civile dans la région de Sidi Bouzid, ce sont les médias alternatifs qui ont pris le relais[271]. Découvrez toutes nos lettres déjà parues. Le détail par ville est le suivant[132],[184] : Enfin, le jour de la fuite de Ben Ali a aussi été le plus meurtrier, avec au moins 31 tués, dont 18 à Tunis[132]. Le 29 décembre, il remanie le gouvernement en limogeant le ministre de la Communication, Oussama Romdhani, et annonce aussi des changements à la tête des ministères du Commerce, des Affaires religieuses et de la Jeunesse[36]. Le diplomate et écrivain Mezri Haddad, ambassadeur tunisien démissionnaire auprès de l'Unesco, accuse Ben Ali d’avoir « prémédité l’anarchie » en vue de reprendre le pouvoir, fournissant des armes et de l'argent à sa garde rapprochée afin de provoquer la guerre civile tout en sollicitant une intervention militaire libyenne[74]. À partir d’une enquête ethnographique, l’article reconstitue l’émergence dans la Tunisie (post) révolutionnaire du mouvement LGBT en inscrivant les effets de l’événement dans une histoire de longue durée. Sa hiérarchie ayant refusé de rouvrir le procès, Picart s'est tu pendant près de deux ans. Top 48h . nécessaire], concrétisant l'instabilité politique (le 13 février, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Ounaies, démissionne ; il était contesté pour avoir qualifié d' « amie de la Tunisie » la ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie[189]). Le lendemain, il annonce la mutation des gouverneurs de Sidi Bouzid, Jendouba et Zaghouan[37]. Un peu plus tard, Taïeb Baccouche, porte-parole du gouvernement de transition, annonce l'imminence d'un remaniement ministériel tout en restant vague sur sa portée. Le 22 décembre, un autre jeune, Houcine Neji, âgé de 24 ans, escalade un poteau électrique de la ville et crie qu'il ne veut « plus de misère, plus de chômage ». Un tunisien a été en moyenne une fois dans sa vie de navigateur face au message d’erreur 404 Not found. Le Premier ministre Mohamed Ghannouchi annonce le limogeage du ministre de l'Intérieur Rafik Belhaj Kacem ainsi que la libération de toutes les personnes arrêtées depuis le début du conflit dans l'optique d'apaiser la révolte. Certaines pages de médias étrangers comme France 24, Le Nouvel Observateur, la BBC, Rue89 et Al Jazeera sont bloquées[276], jusqu'à une levée partielle de la censure annoncée par Ben Ali lors de son allocution du 13 janvier[277].